L'ARGANERAIE




Création le 16 décembre 2013

Modification 1 le 10 mai 2021 ->

Dans le "blog d'Agadir", Yosra BOUGARBA a publié un très intéressant article sur l'arganier :

L’arganier (Argania Spinosa), espèce endémique du Maroc, joue un rôle majeur dans la préservation de la biodiversité, la conservation de l’équilibre de la nature et dans la lutte contre les changements climatiques. Outre ses différentes utilisations culinaires et ses vertus thérapeutiques et cosmétiques, l’arganier peut se vanter de ses fonctions écologiques qui consistent surtout au maintien du sol et à la lutte contre l’érosion hydrique et éolienne.
 

La proclamation en 2021 de la journée internationale de l’arganier n’est donc pas un fruit du hasard. Reconnu en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, en 2014, et en tant que système du patrimoine agricole mondial par l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2018, l’arganier a amplement mérité ses titres de noblesse.
 

L’huile d’argan, extraite des “affiaches” (fruits de l’arganier), est un produit doté d’activités anti-oxydantes comme les carotènes, les polyphénols, les vitamines A, C et E, notamment en gamma tocophérol, a indiqué Abdelaziz Mimouni, chef du Centre régional de la recherche agronomique d’Agadir. “Au Maroc, la production de l’huile d’argan oscille entre 4.000 et 6.000 tonnes par an selon les conditions climatiques”, a précisé M. Mimouni dans une déclaration à la MAP à la veille de la première célébration de la journée internationale de l’arganier.
 

Ces bienfaits on créé un engouement pour cette huile réputée et appréciée, aussi bien au Maroc qu’à l’étranger, entraînant une augmentation considérable de la demande au niveau national et surtout au niveau international (les États-Unis d’Amérique, l’Europe, le Canada et l’Asie), a-t-il souligné, notant que les exportations de l’huile d’argan varient entre 1.000 et 1.500 tonnes/an.
 

Concernant les bénéfices de cet or vert, Zoubida Charrouf, professeure de chimie à l’Université Mohammed V de Rabat, a, pour sa part, indiqué que les antioxydants contenus dans l’huile d’argan sont “généralement bénéfiques pour la guérison de la peau irritée, gercée, endommagée ou même brûlée et font d’elle le produit anti-âge idéal”.
 

Par ailleurs, des études ont montré que cette huile permettait de réduire le risque cardiovasculaire car elle joue un rôle sur la pression artérielle, diminue le cholestérol total et les triglycérides et augmente le statut antioxydant, a déclaré Mme Charrouf à la MAP.
 

En 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 10 mai Journée internationale de l’arganier. La résolution, présentée par le Maroc, a été coparrainée par 113 États membres des Nations unies et adoptée par consensus”, lit-on dans le site de l’Organisation des nations unies (ONU).
 

La proclamation de la journée internationale de l’arganier se veut une reconnaissance à l’échelle internationale des efforts du Royaume, sous les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans la protection et la valorisation de l’arganier.
 

Dans ce contexte, plusieurs événements seront organisés lundi 10 mai 2021, en commémoration de cette journée historique, qui se veut une reconnaissance à un élément de l’écosystème marocain et un symbole de résilience et d’éternité. Ainsi, la Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l’arganier (FMVI.RSA) va organiser un “Event” sous forme de webinaires.
 

Cet événement, qui connaîtra la participation d’experts nationaux et internationaux, sera axé autour d’une analyse multisectorielle de l’écosystème arganier.
 

En sus, un évènement de haut niveau sera organisé sous la présidence du Ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural, des eaux et des forêts, Aziz Akhannouch.
Organisé en format hybride, cet événement sera suivi en "live" sur la web TV des Nations Unies, ainsi que sur YouTube et sur les réseaux sociaux.

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  Article initial :

On se passionne aujourd'hui pour l'esthétique du hammam. L'huile d'argan est devenue indispensable dans la trousse de beauté. Ses vertus cosmétiques s'ajoutent à ses propriétés culinaires.

Blandine Pouzin, journaliste et auteur, se passionne pour l'alimentation biologique, les produits naturels et leur utilisation dans la vie quotidienne. Elle s'intéresse entre autres aux médecines douces et aux pratiques thérapeutiques anciennes et traditionnelles. Dans son livre "Vertus, secrets et saveurs de l'huile d'argan", elle brosse un tableau complet de tout ce qu'il faut savoir sur cette huile très spéciale.

 



Depuis plusieurs siècles, l'arganier fait partie du paysage du sud Maroc, car il ne pousse que dans une région à climat modéré, non loin d'Essaouira et d'Agadir. Il ne se cultive pas mais vit à l'état sauvage. Son espèce a diminué de moitié depuis un siècle. C'est pourquoi l'huile d'argan est rare et chère.

Le botaniste et apothicaire Ibn Al Baytar (1197 - 1248) rapporte, dans son ouvrage "Recueil des remèdes et aliments simples", que la pulpe des fruits de l'arganier sert à nourrir les chèvres et que l'huile extraite de ses noyaux est comestible.

Bois de chauffage, bois pour outils, feuilles pour nourrir les chèvres, élément de clôture, tourteau pour nourrir les vaches, l'arganier est tout simplement bon à tout faire. Ses racines vont chercher l'eau à plus de trente mètres de profondeur. Il peut survivre à la sécheresse, et supporte des températures entre 3° et 50°.


Il s'accommode de tous les sols. Ses petites fleurs jaunes se développent de mars à juin. Les chèvres grimpent jusqu'au sommet de l'ordre de 10 mètres, en étant protégées par les épines des branches.




L'arganier existe également en Algérie, mais n'est pas exploité pour son huile. Des tentatives d'acclimatation ont échoué en Israël et en Turquie.
 

L'huile d'argan est avant tout une histoire de femmes. C'est un travail pénible qui demande un effort constant : cela prend près de seize heures pour obtenir un litre d'huile ! La saveur et la qualité de l'huile sont différentes si elle est produite totalement manuellement ou par le biais de machines.

L'huile traditionnelle (belli en berbère) est employée aussi bien en alimentation qu'en produit de beauté. Elle s'oxyde très vite. Sa durée de conservation ne dépasse pas trois mois.

L'huile obtenue à l'aide d'une presse mécanique : les amandons sont légèrement grillés et passent dans une presse rotative. Durée de conservation : deux ans.

L'huile peut être produite industriellement : elle est séparée de l'eau et de la pâte par des solvants chimiques. Elle s'utilise comme cosmétique et est destinée à l'exportation.

L'huile à usage cosmétique est désodorisée par la vapeur.




Cliquer ci-dessous pour la vidéo !



FABRICATION
 

1 - Dépulpage des fruits
Traditionnellement, on laisse sécher au soleil les fruits récoltés entre juin et août, afin que l'eau qu'ils contiennent s'évapore. Mais les fruits ouverts, dont la pulpe s'est échappée, risquent de s'oxyder et de sentir le rance.

Deux méthodes : manuelle et "de transit par les chèvres". Dans la première méthode, les femmes écrasent le fruit entier contre une pierre et séparent le noyau de la pulpe.

Dans la deuxième, les chèvres ne digèrent pas les noyaux qui se retrouvent entiers dans les excréments. Cette technique réduit le temps de travail, mais a l'inconvénient de véhiculer toutes sortes de bactéries.

On a mis au point une machine à briser la coque et séparer la pulpe du noyau, sous la surveillance … de la femme.

2 - Concassage, nettoyage et triage

Faute de trouver la machine idéale, ce sont toujours les femmes qui concassent les noyaux entre deux pierres et les trient.

3 - Torréfaction ( pour l'huile alimentaire )

Il s'agit plutôt d'une légère cuisson de quelques minutes. Traditionnellement, cette opération est systématique, quelque soit l'usage de l'huile. Mais les amandons destinés à l'exportation ne sont pas "toastés". La "torréfaction" traditionnelle s'effectue dans un plat en terre cuite sur un feu de bois nourri par les coques du fruit.

4 - Pressage et  extraction

Les amendons grillés sont écrasés à l'aide d'un moulin à bras en pierre (r'ha en berbère). La pâte obtenue est malaxée à la main, en ajoutant de l'eau tiède. Au bout d'une heure, l'huile s'est séparée de la pâte. La pâte sèche (tourteau) sert à l'alimentation des vaches.

Mais l'adjonction d'eau oxyde la pâte, et l'eau n'est pas forcément potable. De plus, il y a une importante perte d'huile (de l'ordre de 25%).

Le pressage mécanique, s'il est réalisé pour que la pâte ne dépasse pas 65°, permet de récupérer 99% de l'huile.

5 - Décantation, filtration et mise en bouteille

La décantation dure une quinzaine de jours. La filtration élimine les ultimes résidus. Les bouteilles doivent être pasteurisées et opaques. L'huile issue d'amandons  non torréfiés est plus claire et dorée. Son odeur est très discrète.

MAROCANITÉ DE L'HUILE


L'arganier est l'arbre endémique et emblématique du Maroc.
L'accueil d'un étranger de marque est ponctué par un plat particulier : galettes d'orge, pains de farine, avec des bols remplis de miel, de beurre rance et d'amlou (voir la recette ci-dessous).

Par ailleurs, la production de l'huile d'argan est ponctuée de rituels.


Par exemple, avant la récolte, les femmes et les enfants qui ont la charge d'une arganeraie remplissent
d'huile d'argan des coquilles d'escargots vides. On les accompagne de beurre, de farine de levure et de lait. Le tout est déposé au pied des arbres sur une bouse de vache.

Ou alors, en fin de récolte, un repas festif et familial a lieu au coucher du soleil, un peu après la prière du soir. Les enfants ont l'honneur d'être servis avant les autres. Ce moment marque la fin d'une longue période de travail, mais aussi d'une bonne production.

UN SECRET COSMÉTIQUE BERBÈRE

L'arganier est un arbre aux mille vertus. Les femmes s'enduisent les cheveux et la peau de son huile pour les protéger du soleil, du vent et du sable.

Son parfum est léger et subtil de noisette. Sa texture n'est pas visqueuse, mais fluide et légère. Elle aide à cicatriser des petites plaies, les boutons de varicelle ou d'acnés. Elle est utilisée pour le massage des zones douloureuses et protège le visage de la sécheresse.

L'industrie du cosmétique, récente, lui a trouvé mille usages.

L'HUILE ALIMENTAIRE

L'huile d'argan présente un taux particulièrement intéressant d'antioxydants. Elle peut devenir un acteur essentiel dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

Elle se conserve à l'abri de la lumière et de la chaleur dans des récipients opaques. La durée de conservation de l'huile produite par les méthodes traditionnelles est de six mois. Par pression mécanique, un an ou plus. Pour profiter pleinement des bienfaits de l'huile d'argan, il faut la consommer crue. Elle convient parfaitement pour donner du goût à des légumes ou à des poissons  cuits à la vapeur.

Suivent 28 recettes dont nous ne dirons rien puisque vous allez vous procurer ce livre. Nous faisons cependant une exception pour l'amlou, à consommer sans trop de modération, et dont nous proposons une autre recette publiée sur le site :


www.cuisine-libre.fr/amlou



LES ENJEUX SOCIO-ÉCOLOGIQUES
Actuellement, l'arganier se trouve au centre d'un écosystème qui se dégrade constamment. Pourquoi ?

En 1999, l'UNESCO a classé les arganeraies "patrimoine forestier mondial de l'humanité".

Or en un siècle, l'arganeraie est passée de 100 arbres par hectare à 30. Sa superficie diminue de 600 hectares par an. L'augmentation des animaux en pâturage, en particulier les chèvres particulièrement friandes de noix ainsi que des petites plantes qui poussent sous les arganiers. L'agriculture intensive moderne (agrumes, tomates) est plus rentable, mais nécessite plus d'eau. L'exploitation des puits abaisse le niveau de la nappe phréatique.




De plus, suite à l'augmentation constante de la population, les besoins en bois de chauffage augmentent et sont à l'origine de la destruction d'arbres. La création de zones industrielle complète le tableau.

Et pourtant l'arganier fait vivre une population nombreuse, et est le "gagne-pain" des femmes qui exploitent un savoir-faire qui leur permet de scolariser leurs enfants. Mais certains étrangers n'hésitent pas à acheter les noix pour "délocaliser" la fabrication de l'huile dans de meilleures conditions que par la méthode traditionnelle.

La Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l'Arganier, présidée par André Azoulay, a été créée pour développer la protection juridique de ce patrimoine forestier, améliorer les conditions de travail des exploitants et aider les recherches scientifiques à ce sujet.
Les derniers chiffres nationaux estiment à 3,5 millions les Marocains qui vivent de l'arganier de manière directe ou indirecte.

La Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l'arganier, présidée par André Azoulay, œuvre, depuis sa création en 2004, pour restaurer et maintenir l'équilibre écologique, économique et social du rôle de l'arganier, arbre endémique et emblématique du Maroc.
Selon le communiqué, les derniers chiffres nationaux estiment à 3,5 millions les Marocains qui vivent de l'arganier de manière directe ou indirecte. - See more at: http://www.lematin.ma/journal/reconnaissance_accreditation-de-la-fondation-mohammed-vi-pour-la-recherche-et-la-sauvegarde-de-l-arganier-par-le-conseil-economique-et-social-des-nations-unies/187409.html#sthash.xYOgzXyE.dpuf
La Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l'arganier, présidée par André Azoulay, œuvre, depuis sa création en 2004, pour restaurer et maintenir l'équilibre écologique, économique et social du rôle de l'arganier, arbre endémique et emblématique du Maroc.
Selon le communiqué, les derniers chiffres nationaux estiment à 3,5 millions les Marocains qui vivent de l'arganier de manière directe ou indirecte. - See more at: http://www.lematin.ma/journal/reconnaissance_accreditation-de-la-fondation-mohammed-vi-pour-la-recherche-et-la-sauvegarde-de-l-arganier-par-le-conseil-economique-et-social-des-nations-unies/187409.html#sthash.xYOgzXyE.dpuf
La Fondation Mohammed VI pour la recherche et la sauvegarde de l'arganier, présidée par André Azoulay, œuvre, depuis sa création en 2004, pour restaurer et maintenir l'équilibre écologique, économique et social du rôle de l'arganier, arbre endémique et emblématique du Maroc.
Selon le communiqué, les derniers chiffres nationaux estiment à 3,5 millions les Marocains qui vivent de l'arganier de manière directe ou indirecte. - See more at: http://www.lematin.ma/journal/reconnaissance_accreditation-de-la-fondation-mohammed-vi-pour-la-recherche-et-la-sauvegarde-de-l-arganier-par-le-conseil-economique-et-social-des-nations-unies/187409.html#sthash.xYOgzXyE.dpuf

La modernisation de la profession progresse de manière encourageante. Il faut non seulement enrayer le déclin, mais créer les bases d'une expansion digne de l'arganier et de celles qui l'exploitent.


Pour en savoir plus, Blandine Pouzin propose le site :

http://www.argan-maroc.com