Création le 7 mai 2016
Une Française sultane du Maroc !
Le texte suivant est de Jacques Cézembre, publié dans le Journal des Voyages du 1er décembre 1912 :
On ignore généralement qu’au milieu du XIX ème siècle une Française fut sultane au Maroc, et sultane très authentique. Elle s’appelait Jeanne Lanternier, née en Franche Comté, au Val d’Amour, et avait suivi très jeune son père, un tisserand qui s’expatriait pour aller s’établir en Algérie, à Dely-Ibrahim.
Dans la petite ferme du nouveau colon, Jeanne soignait les bestiaux, menait les chevaux à l’abreuvoir, grandissait en taille, en sagesse et en beauté. Or, voici qu’un soir, revenant avec sa famille d’une partie de plaisir de Boufarik, elle est faite prisonnière et vendue à Abd el-Kader, avec sa mère et deux Allemandes qui l’accompagnaient.
L’Émir, qui recherchait l’alliance du sultan du Maroc, lui fit cadeau des quatre femmes blanches. Enveloppées de « haïks » épais, placés sous « l’ammoriah » qui les dérobait aux regards indiscrets, elles furent expédiées par caravanes, avec un lot de bêtes féroces et de gazelles destinées aux jardins royaux de Fez et de Marrakech.
Abd-er-Rahman reçut le cadeau avec plaisir. Il fit transporter la petite Française à Marrakech. Mais bientôt un roman d’amour s’ébauchait entre Jeanne et le fils ainé du sultan, Sidi Mahomet, destiné à régner sur le Maroc à la mort de son père.
Le vieil Abd-er-Rahman, informé de l’aventure, s’attendrit et céda la jeune fille à son fils. Elle venait de se faire musulmane, et avait reçu le nom de Daghia.
Plus rien ne s’opposait au mariage entre la petite paysanne franc-comtoise et le futur sultan. Reconnue comme épouse légitime, elle se mit à aimer sa patrie d’adoption. Peu après la défaite de Sidi Mahomet par le maréchal Bugeaud sur les bords de l’Isly, Jeanne mit au monde un fils. On prétend même que devenue sultane validée, comblée d’égards, elle aurait attirée ses sœurs au Maroc pour leur faire épouser les hauts dignitaires du Maghzen. Mais la fin de sa vie reste enveloppée d’un voile impénétrable. Mourut-elle dans le palais de Marrakech ? On l’ignore. Sans doute, suivant la tradition, on l’a enterrée sous les roses avec un verset du Coran pour épitaphe.
Nous avons, bien sûr, cherché sur internet une confirmation de cette étonnante histoire. Bingo ! Nous l'avons trouvée sur le site
http://www.canardsurlaloue.com/jeanne_lanternier.htm
un article de Rémy Démoly en 2004.
Avec les éléments suivants :
- Jean, le père de Jeanne, après l’incendie de sa demeure et la perte de son cheptel, partit en Algérie en 1832, avec l’espoir de faire fortune.
- Delhy Ibrahim est à 10 km d’Alger, un des premiers villages créés par des Alsaciens-Lorrains.
- Beaucoup de migrants français sont décédés en Algérie des suites de maladies.