Création le 13 avril 2021
Cet article fait suite à l'article de la rubrique « Maroc » du site Dakerscocode :
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À l’arrivée des Français, le Maroc des campagnes est pauvre, très pauvre dans la montagne, où les tribus se combattent mutuellement, où l’anarchie règne. Lorsque les armes se sont tues, l’officier des Affaires Indigènes (A.I.), qui est un guerrier-administrateur, doit songer immédiatement à la « Remise en état ».
La « Remise en état » est un aspect particulier et très important de l’action des A. I. : celle des terres, des pâturages, des habitations, avant de planter, de semer, d’introduire des méthodes nouvelles et des matériels modernes, car c’est enfin la paix et le prologue d’un bond vers l’avenir, sous l’autorité du Sultan.
Dans le Rif, la situation a été particulièrement grave. La guerre du Rif a été une véritable révolte, menaçant le trône alaouite. Lorsque les armes se sont tues, le chef de poste est laissé le plus souvent seul, à la limite de la dissidence. Sans matériel et au départ sans crédits. Et c’est tout de suite qu’il faut agir ! Il faut connaître la géographie des lieux, les ressources du sol, les besoins alimentaires des habitants.
Les premières réalisations ont concerné les routes et pistes, l’arboriculture et la petite hydraulique. Elles ont déconfiné les économies locales. Urgence absolue : la plantation d’arbres : pins, chênes, figuiers, oliviers, eucalyptus, cela ,comme le disait Lyautey, dans un pays froid où le soleil brûle. La lutte contre les rats fait l’admiration des habitants d’une palmeraie.
Souvent, l’officier célibataire avait sa « femme berbère », même si l’autorité supérieure le déconseillait, même si les femmes berbères ont du caractère, de la vaillance, du charme :
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Par le traité de protectorat de 1912, la France s’était engagée à restaurer, renforcer, moderniser le Makhzen (gouvernement du Sultan). Premier obstacle : l’Intendance de l’armée française doit être violentée pour accepter de fournir de la nourriture aux affamés. Mais la construction de nouvelles « séguias » (canalisations d’eau) provoque l’enthousiasme de la population. Tout est prêt pour les semailles … la pluie se met à tomber. Fous d’exubérance, hommes, femmes et enfants délirent de joie. Tout le monde est dehors pour recevoir cette bénédiction du ciel.
Les témoignages des officiers des A.I. se multiplient dans le livre. Comment se débarrasser des rats (mélange de sucre et de chaux), installation d’infirmeries, etc.
Lorsque, au printemps 1934, la « tache d’huile » chère au général Lyautey a recouvert l’ensemble du territoire marocain, la mission de l’officier des A.I. s’est trouvée profondément modifiée, puisqu’il n’y a plus de dissidence.
Comment faire le portrait idéal ?
Sa compétence doit s’étendre à toutes les branches de l’activité humaine.
LA « REMISE EN ÉTAT »
À l’arrivée des Français, le Maroc des campagnes est pauvre , même très pauvre dans la montagne, où les tribus se combattent mutuellement, où l’anarchie règne. Le sol est ingrat, les récoltes sont maigres, et de plus, l’unification par la soumission, ou le ralliement à l’autorité du Sultan ne s’est pas toujours faite sans troubles de la vie économique. Lorsque les armes se sont tues, l’officier des A. I. doit songer immédiatement à la remise en état : des terres, des pâturages, des habitations, avant de planter, de semer, d’introduire des méthodes nouvelles et des matériels modernes.
La guerre du Rif a été la dévastation : les Rifains rentrent dans leur village en ruine, sans argent, sans charrues, sans semences … Pour les officiers des A. I., il faut donc partir de rien et faire tout sans rien. L’économie de tous repose depuis toujours sur l’existence de l’eau, donc doit faire l’objet de travaux urgents, très accepté par les populations (avec l’aide précieuse des femmes berbères).
Il faut planter des arbres, partout ! (tiens, tiens ! La muraille verte ?). Les archives des A.I. ne sont pas encore constituées, mais c’est dans les « Mémoires » rédigés par les anciens et leurs épouses pour leurs enfants et petits-enfants que se trouvent les meilleurs témoignages de ce travail, qui est à l’origine de l’essor économique du Maroc. La présence des A.I. amène la prospérité et l’amitié.
En 1934, l’unification du Maroc est enfin réalisée sous l’autorité du Sultan alaouite, que la France protège. Les officiers des A.I. prennent alors le rôle de conseillers et échapper aux vices de l’administration directe.
Une anecdote amusante est donnée par une chanson berbère :
« Nous sommes des vaches que les caïds sont en train de traire,
jadis nous leur donnions des coups de corne,
mais à présent, nous sommes tenus par là par les Français »
Aux élèves officiers au cours des A.I., le Colonel Materne conclut au sujet des caïds : « Il faut défendre en lui le principe d’autorité. Il faut travailler avec lui. Cela implique qu’il aura su mériter votre confiance. Si l’outil est défectueux, ne le brisez pas … ». Les officiers des A.I. doivent savoir tout ce qui se passe, être en bon terme avec les confréries, particulièrement chorfa et zaouïas, car en pays d’Islam, religion, vie sociale, action politique ne font qu’un. Rien ne s’oppose à la célébration des moussems, qui sont une occasion de détente et de réjouissance pour les tribus. La présence des autorités de contrôle y est appréciée afin d’en rehausser l’éclat.
De nombreux témoignages émaillent le livre : dès lors que les combats sont terminés, les officiers des A.I. deviennent des « Bons à tout faire » dans tous les domaines, justice, administration, économie, coopératives, innovation …
Fin de la recension :
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