Création le 3 octobre 2021
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LES SOLDATS DE LA GUERRE DU MAROC
Suite à des rumeurs d’insurrection générale au Maroc, le corps expéditionnaire passe de 43 000 hommes à 72 000 hommes en 1912, puis à 90 000 en août 1914. La participation des goums à la première guerre mondiale réduit à 40 000 hommes et remonte à 100 000 en 1919, puis baisse à 68 000 en janvier 1925 …
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Pendant la guerre du Rif |
La guerre du Rif fait remonter à 105 000, puis à 150 000 au 14 septembre 1925. Il faut attendre la fin des années 20 pour voir les colons creuser l’avantage sur les soldats de manière décisive et irréversible. Mais les colons se massent d’abord sur le mince cordon littoral . Les Européens dominent massivement dans les armes « savantes », aéronautique, génie, artillerie, et sont minoritaires dans l’infanterie et la cavalerie.
Au sein des troupes européennes, les appelés sont l’exception. Certains territoriaux se métamorphosent en moniteurs agricoles. Lyautey utilise beaucoup la Légion Étrangère, qui recueille de nombreux Allemands après la première guerre mondiale. Parmi les troupes indigènes, les Sénégalais. Mais, contre des Marocains, les Sénégalais ne font pas le poids. Ils servent de force d’appoint.
Lyautey dispose de six régiments algériens increvables, trempés dans l’acier, qui sauvent parfois la situation. Mais les tirailleurs marocains ont la cote : « ils forment des unités merveilleuses, si on sait s’en servir » . Ils glissent, sans effort de conversion, de l’ordre tribal à l’ordre régimentaire. Lyautey tient à élever, préserver, moraliser le soldat. Il y a des tentatives de désertion dans la Légion étrangère, qui sont anéanties par les goumiers.
Au cours de l’année 1925, l’armée coloniale au Maroc frôle la catastrophe : en plus des conditions climatiques, la guerre du Rif est faite à contre-cœur.
Le Maroc est une étape utile pour faire carrière. Après la guerre, iles officiers deviennent des seigneurs tribaux. Lyautey veut en faire une sorte de chevalerie : un séjour au Maroc, c’est d’abord une occasion de promotion plus rapide, la mêlée pour prendre du galon est rude. Ceux qui réussissent finissent par se croire d’essence supérieure. Par ailleurs, ils se doivent de fonctionner en célibataires.
Le service de renseignement se métamorphose en officier des Affaires indigènes. L’homme des Bureaux Arabes est exalté comme un bienfaiteur de l’humanité indigène. Deux inconvénients : l’automobile, qui minimise les contacts d’un « Hakem » à cheval, et l’invasion du papier administratif, alors que vivre en contact avec les tribus marocaines, c’est une vraie aventure …
RÉALITÉS DE LA GUERRE DU MAROC
Lyautey agit d’abord avec la conviction que la guerre coloniale n’est pas une sale guerre, destructrice de civilisation, comme la guerre civile entre Européens. Selon lui, la France ne conquiert pas un pays étranger, elle rétablit un ordre - celui du Sultan - menacé par l’anarchie. Lyautey joue le jeu, en tant que Vizir.
Pendant la première guerre mondiale, Lyautey joue la défensive jusqu’en 1916, où il reprend l’offensive, mais il doit faire face à une résistance inattendue, jusqu’en 1926, date à laquelle, malgré les réductions drastique des militaires mis à sa disposition par le gouvernement français, il obtient le contrôle du « Maroc utile ». Les pertes françaises ne sont pas dues uniquement aux combats, mais aussi au froid, à la maladie. Les pertes des insurgés sont au moins dix fois plus nombreuses.
Dans les années 2020, les chars et l’artillerie, la radio, mais surtout les camions pour les transports de vivres, de munitions et de troupes, révolutionnent la conduite de la guerre. Les rebelles sont sans défense devant les attaques aériennes. Mais petit à petit, la guerre contre les Marocains devient une guerre entre Marocains. Face aux tribus dissidentes, les amendes sont transformées en travaux d’utilité publique, dont elles sont les première à profiter. Quelques fois, la protection des Français coûte moins cher que la « protection » d’une autre tribu …
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Ville de Salé |
PROFILS DES RÉSISTANCES MAROCAINES À LA CONQUÊTE
À quoi est due cette résistance marocaine à une conquête dont les effets économiques apportent le modernisme ? S’agit-il d’une guerre patriotique, ou le goût du « baroud » national-religieux du « jihad », ou des deux ? Par exemple, la ville de Salé a pris l’état de deuil depuis l’arrivée des Français : plus de tambourins ni de chants ; la claustration des femmes se renforce … Autre catégorie hostile au Protectorat : des nomades, les Haddoua, sont la version marocaine du cheminot.
Plus généralement, la fantasia, qui mime et stylise le combat à cheval, exerce l’homme de la tribu au coup de main et à la manœuvre en groupe. humant l’air de la poudre.
La suite dans un prochain article.