LES AFFAIRES INDIGÈNES DU MAROC 1




Création le 19 avril 2014
Modification 1 le 3 février 2019

L'histoire des Affaires Indigènes (Service des Affaires Indigènes du Maroc), racontée en 1990 et publiée par la Koumia par Marc Méraud, Officier de carrière et Docteur ès lettres, est la synthèse d'un important travail de recherche et de multiples contacts établis avec de nombreux témoins de l'époque évoquée. Dans son prologue, il explique que, comme Janus, ce Service a eu deux visages, le visage militaire et le visage civil. Cet officier des Affaires Indigènes, qui était-il ? Quelle était sa formation ? Quelle était sa mission ? Comment l'accomplissait-il ?  Qu'a-t-il réalisé ?

Cet ouvrage est dédié en hommage à ceux qui ont travaillé côte à côte pour l'honneur et la grandeur de la France et du Maroc, de 1912 à 1956. Il est aussi écrit pour les jeunes Marocains, particulièrement pour ceux dont les pères ont combattu et travaillé avec les A.I. , et auxquels il faut garder une affection fidèle.

Sous diverses formes, dans le face à face de deux civilisations la chrétienne et la musulmane, l'interface française a été ce corps d'officiers, que ce soit des Bureaux Arabes,


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des Services spéciaux du Levant, des Affaires Sahariennes,  des Affaires Indigènes ou des Affaires Algériennes. En quelque sorte héritiers d'Ibn Khaldoun, parfois sans le savoir, l'officier des A.I. est détaché de son arme pour administrer, contrôler, impulser. Il est indissociable de ses auxiliaires. Avec un inégal succès, mais avec passion, ardeur et désintéressement personnel.

L'auteur précise que ce n'est pas un livre d'Histoire, mais un livre d'histoires de tous les jours … qui trouve ses sources dans la plus haute antiquité. 


Montesquieu a dit d'Alexandre le Grand :" Il résiste à tous ceux qui voulaient qu'on traitât les Grecs comme maîtres, et les Perses comme esclaves. Il ne laissa pas seulement aux peuples vaincus leurs mœurs, il leur laissa encore leurs lois civiles, et souvent même les rois et gouverneurs qu'il avait trouvés. Il respecta les traditions anciennes et il voulut tout conquérir pour tout conserver."

Le Berbère, si jaloux de son indépendance, se donne au chef dont il a reconnu la juste valeur, à la nation dont il admire le prestige : " La tribu a besoin d'admirer son "hakem". Elle le désire prestigieux, généreux, sûr de lui, jovial … Elle préfère son dieu à cheval, plutôt qu'assis dans un fauteuil. Et quand elle l'aime, elle le chérit éperdument, pour ses qualités, pour ses défauts mêmes, parce qu'il est à elle comme elle est à lui."



LA COLONISATION ROMAINE

C'est l'empereur Auguste qui, le premier, fit entrer le Maroc dans le monde romain en annexant la Mauritanie occidentale et confia le tout à Juba II, fils de Juba I, roi de Numidie. Les ancêtres des goums furent les "numeri", commandés par des officiers romains. En ce temps-là, le Maroc s'appelait la Tingitane, mais la romanisation ne fut profonde que sur un territoire limité, même si actuellement le vocabulaire berbère de la vie rurale a certaines racines romaines. D'ailleurs nombre de lieux-dits "igherm iroumin", compatibles avec des sites fortifiés, rappellent une occupation romaine et/ou chrétienne …







Rome respectait les institutions, les usages et la religion des peuples vaincus. Son prestige était tel que les populations soumises étaient fières de faire partie de l'Empire. Le titre de citoyen romain était recherché. "Sum civis romanus", cette affirmation protégeait celui qui pouvait la proclamer mieux qu'un passeport diplomatique !


Les Berbères de l'époque détestaient peut-être Rome, mais ne l'admiraient pas moins. Les Romains se contentaient des terres riches, et ils ne sentaient pas le besoin d'unifier le pays. Du temps d'Hadrien (empereur romain espagnol), il n'y avait que 12 000 hommes pour conserver la conquête.

Le Berbère, jaloux de son indépendance, se donne au chef dont il a reconnu la juste valeur, à la nation dont il admire le prestige : la tribu a besoin d'admirer son "hakem". Elle le désire prestigieux, généreux, sûr de lui, jovial. Ses membres préfèrent leur dieu à cheval, plutôt qu'assis dans un fauteuil. Ils le préfèrent pour ses qualités, parce qu'il est à eux comme ils sont à lui.

L'ISLAM ET LA PÉNÉTRATION ARABE

Les premiers et très faibles contingents arabes, à la fin du VIIème siècle ne constituent pas une invasion, mais une poignée de prédicateurs brûlant de faire partager leur foi. L'idée d'un Dieu unique, déjà proclamée par l'évêque Arius, leur plaisait.

Arius fondateur de l'arianisme

De plus, la tolérance la plus grande était pratiquée par les vainqueurs à l'égard des Berbères demeurés chrétiens ou juifs.

Il faudra 70 ans aux Arabes pour soumettre les irréductibles. Puis commence une série de contradictions s'exprimant par des révoltes, par l'éclosion de dynasties qui se détruisent les unes les autres, entre hérésies et orthodoxies.

Les grandes dynasties berbères vont se succéder. Les Berbères ont un sens biologique de la patrie, c'est la race plus que l'attachement au sol, c'est donc la tribu.



Si les Almoravides sont les fondateurs du Maroc comme entité politiques, les Almohades parviennent à créer un immense empire, de Tunis à l'Atlantique. Mais les vainqueurs ne peuvent se libérer de l'esprit de clan. Le concept monarchique est contraire à l'esprit égalitaire des Berbères. À l'aube du protectorat, en 1911-1912, deux sultans au moins se disputent le pouvoir.

C'est la France qui réalisera l'unité du Maroc. Ce n'est qu'en 1934 que la "Pax Gallicala" règnera dans un pays unifié. C'est alors que s'éveillera l'idée de Nation. En 1956, la France laissera ce grand pays, devenu majeur par ses soins, prendre en main ses destinées. C'est ce qu'avait pensé et désiré celui qui l'avait guidé dès ses premiers pas dans cette voie : le Maréchal Lyautey.



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Pour terminer avec Hubert Lyautey :

"Il est à prévoir, et je le crois comme une vérité historique, que dans un jour plus ou moins lointain, l'Afrique du Nord, évoluée, civilisée, vivant de sa vie autonome, se détachera progressivement de la Métropole. Il faut qu'à ce moment-là - et ce doit être le but suprême de notre politique - cette séparation se passe sans douleur et que les regards des populations continuent à se tourner avec affection vers la France … je veux nous faire aimer de ce peuple."


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